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Page:Le Socialisme VIII et IX. Les Précurseurs du Socialisme moderne P.-J. PROUDHON - Charles RAPPOPORT.pdf/27

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réaliser les principes de l’alliance fédérative. Tandis que la Russie, sans phrases, sans bruit, sans promesses solennelles, sans éloquence inutile, a donné aux cent peuples qui forment la Russie — il y a plus de cent nations qui parlent différentes langues et qui se trouvent sur ce pays qui représente 1/6 du globe — l’autonomie, en permettant même la séparation. Et une des grandes raisons pour lesquelles les partis contre-révolutionnaires combattent la Russie communiste, c’est qu’ils prétendent que Lénine et son parti ont supprimé la « Grande Russie ». Pour nos adversaires, ne pas opprimer, ne pas étrangler l’autonomie des autres nations, c’est supprimer la grandeur nationale. En effet, toutes les soi-disant grandes nations, toutes les grandes puissances qui gouvernent, exploitent, assassinent et ruinent les continents, sont les produits des innombrables guerres, des rapines et des violences exercées par des nations plus fortes contre des petites unités nationales. Voilà le principe fédératif auquel Proudhon a consacré des œuvres éloquentes, que, sous une autre forme, je le répète, notre action communiste est en train de réaliser par la lutte révolutionnaire.

Proudhon a poussé si loin son principe de liberté que lui, qui est devenu le théoricien ou l’apôtre du syndicalisme aux yeux des syndicalistes révolutionnaires — c’est très peu connu cette chose-là — a été le plus grand adversaire, le plus terrible adversaire du droit de coalition. Il ne permettait pas aux ouvriers, ni de se mettre en grève ni de se syndiquer, parce que c’était selon lui, une sorte d’attentat contre la liberté sociale. Si vous vous mettez en grève contre la société, c’est-à-dire dans les services publics, vous lésez les intérêts de la société. Vous n’avez pas le droit de vous coaliser pour vous mettre en grève contre la société. Et comme Proudhon ne s’arrêtait devant aucune des conséquences de ses idées, — il allait « jusqu’au bout » — il trouvait très naturel que les grèves soient réprimées par la violence. Il serait peut-être le premier à approuver la répression d’une grève des cheminots, parce qu’il trouve qu’une coalition est un crime.

Une autre chose qui est peu connue et qui a aussi son