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tation non moins importante par le gouvernement, par le principe autoritaire.

Son élément positif, c’est la doctrine de la mutualité que nous étudierons dans la suite.

Disons d’abord quelques mots sur la personnalité remarquable, la vie agitée de Proudhon.

Proudhon a rempli de ses faits et gestes un quart de siècle, depuis la publication de son premier mémoire sur la propriété : Qu’est-ce que la propriété ? en 1840, jusqu’à sa mort, en 1865. Proudhon est né à Besançon, — comme Charles Fourier et Victor Hugo — le 15 janvier 1809. Il y a un peu plus de dix années, en 1909, le ministre Viviani a fêté le centenaire de Proudhon. Il est mort le 17 janvier 1865. Sa vie, vous le voyez, ne fut pas longue. Il est mort à 56 ans.

Il est né d’une famille ouvrière. Son père était garçon brasseur. Sa mère était domestique, une vraie paysanne, servant pour les gros ouvrages. C’était une personne d’ordre et de grand bon sens. Proudhon lui-même, en parlant de son origine disait : « Je suis sorti du plus épais limon révolutionnaire ». Son grand-père, un paysan-soldat, était d’un caractère très violent. On l’appelait en patois Tournési. Je rappelle ce nom parce qu’il est lié à une aventure qui lui est arrivée. Niant pratiquement la propriété, le grand-père de Proudhon se fit braconnier, ne reconnaissant pas la propriété des forêts d’un riche voisin. Un jour, il est arrêté par un garde qui lui demande, sur un ton violent : « Comment t’appelles-tu ? » Il répond : « Je m’appelle Retournes-y. » Un combat furieux s’engage. Le garde a été tué dans la bagarre par le grand-père de Proudhon. Proudhon place son grand-père au niveau des hommes de Plutarque. Il le fête comme héros.

A huit ans, Proudhon gardait les vaches. Il vivait de la vie d’un simple ouvrier. Et pour vous donner à la fois une idée de sa vie et de son style remarquable — Proudhon est le plus grand écrivain parmi les socialistes — je vous cite la description qu’il fit de sa jeunesse dans sa grande œuvre : La Justice (six volumes) :

« Je ne connais pas, dit-il, d’existence à la fois plus contemplative et plus réaliste, plus opposée à cet absurde spi-