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les antes. C’est sur la ligne AB que courra l’architrave. Le point milieu de la grande ligne médiane sera celui d’où l’on pourra tracer, en demi-cercle, l’archivolte dont la corniche devra mesurer une saillie égale à la moitié de sa largeur. Faire autrement, c’est faire mal (je ne puis le dire bien fait). Car c’est ainsi que l’observèrent bellement, supérieurement, soigneusement les excellents vieux maîtres, dans la manière de faire leurs voussures, afin de donner à leurs arcs l’élégance et la solidité désirées, et pour éviter d’obstruer la projection des tailloirs.

Sous les doubles colonnes, d’un côté et de l’autre, le soubassement partait du niveau du sol sablé, commençant par une plinthe qui courait tout le long de l’édifice. De cette plinthe les gueules renversées, les tores, les gouttières et les astragales montaient graduellement sur le piédestal et formaient aussi, avec l’alignement requis, le socle des antes. La corniche se dressait pareillement, avec sa gueule droite et ses autres lignes concurrentes, au sommet du piédestal.

Entre la ligne AB et la ligne supérieure de toute la figure, je trouvai que l’espace était divisé par trois transversales en quatre parties. Trois se pouvaient attribuer à l’architrave, à la frise, à la corniche. Cette corniche comptait une division de plus que l’architrave et que la frise, c’est-à-dire que si l’on assignait cinq divisions à l’une et à l’autre, la corniche en devrait contenir six semblables. Cette corniche avait d’autant mieux cet excédent de mesure que le sage et habile ouvrier avait donné une inclinaison au plan de la cymaise, et cela non sans motif, mais bien afin que le bas des sculptures exécutées au-dessus ne fût pas masqué par la saillie de ladite corniche, encore qu’il eût pu agrandir les parties chargées d’ornements telle