Page:Le Songe de Poliphile - trad. Popelin - tome 1.pdf/388

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égal en Numidique, Claudien[1], Synnadique[2] et Carystien[3], cèdent le pas devant cette superbe colonnade. Et puis, quels marbres, quelles sculptures représentant, à mon admiration, les travaux d’Hercule supérieurement taillés en demi-bosse dans du marbre Lucullien[4], avec des dépouilles, des statues, des titres, des trophées merveilleusement travaillés ! quel propylée ou vestibule ! quel portique d’honneur ! Certes il faut que les travaux de Titus Cæsar[5] baissent pavillon en présence de cette œuvre avec ses marbres rouges d’un si bel aspect, si polis et à tel point qu’un esprit faible et borné se perdrait à vouloir l’exprimer. Joignons-y la noblesse du fenêtrage, de l’admirable porte et du perron superbe. C’était la plus haute expression de l’art d’édifier. Quant au soffite merveilleux, il n’était pas inférieur avec ses beaux lambris enfermant sept rangées de caissons ornés de feuillage, alternativement ronds ou carrés, ornés de filets exquis en or pur, avec le fond peint en bleu et doré très-élégamment. Le plus admirable des édifices ne pourrait tenir auprès de celui-ci.

  1. L’explication probable de ce terme se trouve dans Pline : Cœpimus et lapidem pingere : hoc Claudii principatu inventum. (XXXV, 1.)
  2. Blanc tacheté de rouge, de la Phrygia Synnas. La légende voulait que les taches rouges provinssent du sacrifice qu’Atys avait fait à Cybèle de sa virilité.
    (Stace, Sylves, I, 5, v. 35 ; II, 2, v. 85.)
  3. Vert qui s’extrayait des carrières du port de Marmarion, dans le voisinage de Caryste, au pied du mont Oché, en Eubée.

    ______Undosa Carystos.

    (Stace, Sylves, I, 5, v. 34.)

    Gaudens fluctus æquare Carystos.

    (Stace, S., II, 2, v. 93.)
  4. Le Luculleum, marbre noir ainsi nommé de ce que Lucullus l’employait de préférence dans ses constructions. (Pline, XXXVI, 6.)
  5. Le Colysée.