Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/20

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LE SYLPHE LA CHANSON DES BAISERS A l'aimée. Te souviens-tu, dis-moi, de la chanson joyeuse Que chantaient nos baisers sur un rythme enivrant; Lorsqu'enlacés, ravis d'une extase amoureuse, Nous nous disions tous bas notre amour délirant. Pour moi, j'ai le cœur plein de cette mélodie Qui montait lentement dans mon être en émoi, Et je l'entends toujours, douce, à peine assourdie Par les pleurs étouffants que j'ai versés pour toi. C'est cette chanson tendre et fière et caressante Que j'écoute souvent, perdu dans l'infini; Car il est dans mon âme une voix qui la chante Comme un fidèle écho d'un long baiser béni. Elle me dit, pendant mes longues rêveries, Que notre amour est bon, chaud comme un Sahara; Elle me dit encor que tes lèvres fleuries Ont pour moi des baisers que nul ne cueillera. Elle me dit que c'est pour mes chaudes caresses Que tes seins ont gardé leur éclat printanier, Et que tu me tiendras tes ardentes promesses De livrer à moi seul ton être tout entier. Elle dit que c'est toi, mon amante enjôleuse Dont les yeux m'ont rempli d'un trouble fulgurant. C'est la chanson sans fin, c'est la chanson joyeuse Que chantent nos baisers sur un rythme enivrant. Grenoble, 24 août 1886. C. NIEMAND.