Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/23

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POESIES DES POETES DU DAUPHINE 17 L'HIVER Mignonne, ils sont fanés les lilas et les roses. . . Les arbres, dépouillés de leurs verts mantelets, N'entendent plus, le soir, dire ces douces choses Qu'au temps de ses amours l'oiseau met en couplets. Au lieu des blonds épis, au lieu des moissons mûres, Au lieu des beaux fruits d'or et du pampre vermeil, Neige! Neige partout! Les buissons pour ramures, N'ont que du givre blanc qui s'irise au soleil. Les oiseaux sont partis pour un plus doux rivage ; Sous le ciel d'Orient, chante le rossignol, Cet amant de la nuit et du sombre feuillage Qui lançait sous les bois ses do, ré, mi, fa, sol. Regarde grelotter, perché sur une branche, Ce beau petit pinson, autrefois si joyeux, Il contemple, en rêvant, la longue nappe blanche Qui va dans le lointain se marier aux cieux. Plus de chants! . . . Tout est mort dans la nature morte ! Seul, quelque noir corbeau pousse un croassement, Cri lugubre et plaintif que le vent froid emporte, Et que tous les échos redisent tendrement. Viens, Mignonne, ma mie, écartons cette neige Et jetons quelques grains à nos pauvres oiseaux, Car, les laisser mourir ce serait sacrilège, Ils sauront nous paver par des couplets nouveaux. 1" Volume. — 2e Livr.