Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/32

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26 LK SYLPHE ALFRED DE MUSSET KjX Hélas ! il souffrait tant, le jeune et grand Poète! Sa lèvre avait touché cette coupe de fiel Qui change en jours de deuil les plus beaux jours de fête, Et fait un ciel obscur du plus radieux ciel! Il souffrait, le chanteur! Sans cela son génie N'aurait jamais connu le doute, fruit amer, Mais il croyait encore, en son âme infinie, A Celui qui commande aux vagues de la mer. De Werther, de Byron, ces apôtres du doute, Il n'était pas le frère, il avait plus de cœur; Non, il n'eût pas suivi leur dangereuse route, S'il avait pu sourire à quelque doux bonheur; Un amour frais et pur lui manqua sur la terre ; La Béatrix du Dante inspirait de beaux chants, Un doux ange a charmé plus d'un labeur austère ; Elvire, de nos jours dictait des airs touchants. Son âme fut brisée au contact de ce monde, Le cœur lui défaillit par un amour trompé, Il lui fallait un ciel plein de lumière blonde, Et dans la fange, hélas! son cothurne a trempé. « Des ailes! disait-il, que je voudrais des ailes! » Il sentait vivre en lui tant d'immortel essor; Des ailes pour voler aux sphères éternelles, Chercher l'objet aimé dans les étoiles d'or ! L'ode à la Malibran est un hymne sans tache, Une perle éclatante et de la plus belle eau ;