Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/35

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPHINÉ Mon rêve vers elle s'envole, Et je n'ai plus d'autre souci. Tout, alentour, fond à ma flamme; Elleamoncœur,elleamonâme... Ah! pourquoi riez-vous, Madame? — Sans doute, l'on vous aime aussi ? — Las ! et la chose assez m'attriste, La fière ignore que j'existe, Et son fin mouchoir de batiste Pour moi n'est jamais agité ! . . . Oserai-je jamais lui dire Que c'est à son baiser qu'aspire Toute l'ardeur de mon délire, Ah! l'oserai-je, en vérité? Pourtant, si je l'osais quand même! Si j'avais cette audace extrême De murmurer tout bas : je t'aime! A votre oreille, en suppliant, Comme on implore une madone. . . Me refuseriez-vous l'aumône Que votre belle bouche donne Dans un sourire au mendiant ? Jean PROUVAIRE.