Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/45

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POÉSIES DKS POÈTES DU DAUPHINE Oui ! La vie échappait à ta grande àme, ô Maître, En vain tu l'étreignais : toi qui sus faire naître Et vivre dans l'airain les images des dieux, Avant d'avoir fini ton œuvre commencée Tu sentis se fermer ta paupière lassée Et la Nuit, noir bandeau, descendre sur tes yeux ! Et comme les damnés que peint le sombre Dante, Tu te sentis glisser sur la fatale pente ! Tu ne demandais plus qu'une heure pour finir! Et quand la Mort te prit sur son aile invincible Tu t'écrias, brisé d'une angoisse terrible : «Jem'envaisetjesens,jesenslaNuitvenir!» Combien d'âmes ainsi par la mort sont fauchées Avant d'avoir fini leurs œuvres ébauchées ! Combien sont dans l'abîme à pas lents descendus ! Mais ne les plaignons pas car leur douleur fut fière Et l'Histoire en passant écrira sur leur pierre : « Ils sont morts le front haut et sans s'être rendus! THALEB.