Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/49

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPHINÉ 43 Tu ne porteras pas le poids de ce linceul ! Tu n'es que la victime, étant pour la victoire; Et les siècles verront sur le mur de l'histoire Le nom de Bonaparte, éternellement seul ! Ils verront, visions sombres et redoutables ! Comme un nouveau Moïse écrivant sur ses tables, Un ange au front splendide, au geste glorieux Inscrire les deux noms aux voûtes éternelles. L'un penchera vers l'ombre... et l'autre ayant des ailes, Semblera monter vers les cieux! Entre lui, le maudit et toi, la ville ardente, Parallèle inouï qui séduirait le Dante — Dieu pour l'éternité fit un gouffre profond ! L'homme tombe à l'abîme ou quelqu'un le réclame, Mais la fière cité, pure comme une flamme, Resplendit sur le bord sans regarder le fond ! Dans l'incommensurable, au milieu des tempêtes, Les anges sonneront pour toi les sept trompettes... Les penseurs attendris se donneront la main. Sédan! pauvre martyre! O fille de la France! Sois heureuse! toujours la joie et l'espérance Se placeront sur ton chemin ! Et puisque c'est ton nom qu'on raille en leurs écoles, Et puisque leur victoire éteint tes auréoles, Hélas! puisque leur gloire a germé sous tes murs, Nous aussi nous ferons pour toi quelque épopée Quand nos fiers bataillons viendront à coups d'épée Les faucher comme en juin l'on fauche les blés mûrs ! Alors, métamorphose admirable et sublime, Toi qui rappelais l'homme en rappelant son crime,