Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/69

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POÉSIES DES POETES DU DAUPHINÉ LOUISE FRAGMENT Oh! si, dans le chemin qui mène au cimetière, Vous rencontrez jamais, à l'heure où vient le soir, Où les soupirs du vent agitent la bruyère, Une femme, le front couvert d'un voile noir, Murmurant à voix basse un nom, le nom d'un ange, Et s'arrêtant parfois, comme pour écouter Dans le lointain, un son mélodieux, étrange Que du sein des tombeaux le vent vient lui porter, Oh! ne l'effrayez pas !... plaignez-la, car c'est elle! Heureuse enfant naguère et folle maintenant... Elle vient chaque soir écouter en pleurant Du vent dans les cyprès la plainte solennelle, S'asseoir sur une tombe, où, jusqu'au grand réveil, Deux êtres dont l'amour répandait sur sa vie Un parfum de bonheur et de mélancolie, Sa mère et son enfant, ont cherché le sommeil ! Oh! qu'elle a dû souffrir! son enfant et sa mère! Sa mère en cheveux blancs, son enfant au berceau ! Tant d'espoir, tant d'amour, descendu sous la terre Laissant pour souvenir la pierre du tombeau ! Son fils ! trois mois à peine avait duré sa vie ! Pour son premier amour, trois mois, c'était bien peu Elle aimait tant son fils ! son bonheur fit envie Au ciel jaloux. — Son fils est retourné vers Dieu ! Oh ! qu'elle a dû souffrir sa jeune âme de mère, Le jour où, secouant le funèbre sommeil