Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LE SYLPHE Que la douleur parfois jetait sur sa paupière, Un mot, un mot affreux suspendit son réveil ! Car ce mot revenait comme un bruit de faucille, Comme un timbre d'horloge, et toujours redisait : Tu n'es plus mère! Et puis encor : Tu n'es plus fille! — Et, tout en sommeillant, son cœur se déchirait ! Oh! qu'elle a du souffrir, quand un glas funéraire Vibra jusqu'à son cœur du haut du vieux clocher, Puis qu'un chant retentit, et qu'un drap mortuaire Recouvrit deux cercueils qu'elle vit emporter! L'un petit, bien léger, couvert de rieurs nouvelles, Comme un bouquet de mai s'en allait tout riant; L'autre était triste et lourd, sans croix, sans immortelles, Et pour entrer au ciel semblait suivre l'enfant! Oh! qu'elle a dû souffrir, quand tous ces liens de l'âme Qui pour elle joignaient le passé, l'avenir, Quand ce bonheur de fille, et de mère et de femme Se sont brisés d'un coup!... Oh! qu'elle a dû souffrir! Jules TAULIER.