Page:Le Sylphe - Poésies des poètes du Dauphiné, tome 1, 1887.djvu/89

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POÉSIES DES POÈTES DU DAUPHINE 83 Tapissé de clous d'or jusqu'à l'aube vermeille; Où la nature, après avoir prié, sommeille ; Où l'abeille a laissé son miel. Nous descendrons tous deux, seuls, au bras l'un de l'autre, En fuyant de la ville, où le vice se vautre, Les chants et les bruits importuns; Nous pourrons à notre aise, et sans qu'on nous entende, Et sans que nous dérange une joyeuse bande. Causer de nos soucis défunts Qui nous amaigrissaient comme le font les jeûnes; De nos vieilles amours, bien que nous soyons jeunes Et frais comme des papillons. Ici, rien ne me semble assez pur et propice Pour parler des soupirs qui montent du calice Des deux anges que nous aimons. C'est pourquoi, mon ami, si vous voulez descendre Plus loin, où de la ville on ne peut rien entendre Que les murmures étouffés, Nous irons nous asseoir sur les bords de la Morge, Que, du matin au soir, pinson et rouge-gorge Troublent par leurs chants attifés ; Où parfois nous verrons dans les branches des saules, Les cheveux dénoués sur ses roses épaules, Une Galathée aux yeux doux Qui nous agacera par sa lascive grâce Et, folâtre, fuira de crainte qu'on lui fasse Manquer l'heure d'un rendez-vous! Juillet est un beau mois où toujours les soirées Ont pour les amoureux de trop courtes durées, Car on croit voir aux cieux