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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/109

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gions soient véritablement d’institution divine, car comme toutes ces différentes religions sont contraires et oposées les unes aux autres, et qu’elles se condamnent même les unes les autres, il est évident qu’étant contraires dans leurs principes et dans leurs maximes, elles ne peuvent être en même tems véritables, ni par conséquent venir d’un même principe de vérité, qui seroit divine. C’est pourquoi aussi nos christicoles romains reconnoissent et sont même obligés de reconnoître, qu’il ne peut y avoir au plus qu’une seule véritable religion, qu’ils prétendent être la leur ; en conséquence de quoi ils tiennent pour maxime fondamentale de leur doctrine et de leur croïance, qu’il n’y a qu’un seul Seigneur, qu’une seule foi, qu’un seul batême, qu’un seul Dieu, et qu’une seule église, qui est la catholique, apostolique et romaine, hors de laquelle ils prétendent qu’il n’y a point de salut. D’où je tire évidemment cette conséquence, qu’il est donc certain, qu’au moins la plupart des religions du monde, ne sont purement, comme j’ai dit, que des inventions humaines, et que ceux, qui les ont premièrement inventées, ne se sont servis du nom et de l’autorité de Dieu, que pour mieux faire recevoir les loix et les ordonnances, qu’ils vouloient établir, et pour se faire en même tems eux-mêmes plus honorer, plus craindre et plus respecter des peuples, qu’ils avoient à conduire et auxquels ils vouloient en imposer par cette ruse.

Voïez comme un auteur judicieux parle à ce sujet[1]. « Quand je vois, dit-il, le genre humain divisé en

  1. Esp. Turc, T. III. Lett. 78. Édit. de 1715.