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se faisoient aporter son image, se consolant de son absence par la présence de sa statue à laquelle ils rendoient les mêmes honneurs et les mêmes adorations qu’ils auroient fait à leur Prince, s’il eut été présent. La vanité et l’adresse des Peintres et des Sculpteurs, continuent les mêmes Livres,[1] ne contribua pas peu au progrès de cette détestable idolatrie : car comme ils travailloient à l’envi les uns des autres, pour faire de belles figures, la beauté de leur travail attira à leurs ouvrages l’admiration et l’adoration des foibles et des ignorans, de sorte que les peuples, dont il est facile d’abuser la simplicité, se laissèrent aisément séduire par la beauté de l’ouvrage, s’imaginant qu’une telle statue ne pouvoit être que la représentation d’un Dieu, et pensoient que celui qu’ils n’avoient estimé que comme un Homme jusqu’alors, devoit être adoré et servi comme un Dieu. Voilà, disent ces saints et sacrés Livres de nos Christicoles même, comme l’idolatrie, qui est la honte et l’oprobre de la Raison humaine, est culte dans le monde par l’intérêt des Ouvriers, par la flatterie des Sujèts, et par la vanité des Princes et des Rois, qui ne peuvent retenir leur autorité dans de justes bornes, ont donné le nom à des idoles de Pierre ou de Bois, d’Or ou d’Argent, à l’honneur desquelles idoles ils célèbrent des Fêtes pleines d’extravagance et de folie, et auxquelles ils offroient des sacrifices pleins d’inhumanités en leur immolant cruellement leurs propres Enfans, et apelloient paix l’ignorance où ils étoient quoiqu’elle les

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