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Ne sauroient-ils parler ni se faire entendre par eux-mêmes à tous les Hommes ? Ne sauroient-ils publier leurs loix et les faire observer immédiatement par eux-mêmes ? Si cela est, c’est déjà une marque certaine de leur faiblesse et de leur impuissance, puisqu’ils ne sauroient se passer du secours des Hommes en ce qui les regarde, et si c’est qu’ils ne veulent, ou qu’ils ne daignent pas se montrer ni parler manifestement et publiquement aux Hommes, c’est vouloir leur donner tout sujèt de défiance, c’est vouloir leur donner sujèt de douter de la vérité de leurs paroles ; car toutes ces prétendues visions et revelations nocturnes dont les Déicoles se flattent sont certainement trop suspectes et trop sujètes à illusion pour qu’on y ajoute beaucoup de foi, et il n’est nullement probable ni croïable que les Dieux qui seroient parfaitement bons et parfaitement sages, voudroient jamais se servir d’une voie si suspecte que celle-là pour faire connoitre leurs volontés aux Hommes, et non seulement ce serait leur donner lieu de douter de la vérité de leurs paroles, mais ce seroit même leur vouloir donner aussi tout sujèt de douter de la vérité de leur existance, et leur donner sujèt de croire qu’ils ne sont nullement eux-mêmes : car il n’est nullement croïable que s’il y avoit véritablement des Dieux, ils voudroient souffrir que des imposteurs abusassent de leurs noms et de leur autorité pour tromper si impunément les Hommes. D’ailleurs s’il ne tenoit qu’à quelques simples particuliers de dire que Dieu leur est aparu en songe ou en secrèt, et qu’il leur auroit parlé et qu’il leur auroit révélé en secrèt tels ou tels mistères et qu’il