Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/135

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plusieurs autres qui non contens d’abuser ceux de leur siècle, ont voulu encore consigner leurs fables à la Posterité, mais peut-on, dit-il, souffrir dans les Poëtes mêmes que Saturne chatre son Père, que Venus soit engendrée de l’écume de la Mer, que Promethée soit attaché à une Croix sur le mont Caucase où il est exposé à un Aigle qui lui ronge continuellement le foïe, que les Geans fassent la guerre aux Dieux, sans parler de leurs tragedies, des Enfers, et de diverses métamorphoses de Jupiter, et infinies autres sotises, outre ce qu’ils disent des chimeres, des gorgones, des Cyclopes et autres semblables reveries pour faire peur aux petits enfans. Encore passe, dit-il, pour les Poëtes et les anciens Historiens qui n’avoient rien de meilleur en ce tems-là à nous débiter ; mais que peut-on dire ou penser des nations entiéres, comme les Candiots lorsqu’ils montrent la sépulture de Jupiter et les Athéniens quand ils disent qu’Ericton et leurs prédécesseurs naquirent de la Terre, comme si c’étoient des choux, encore faudroit-il les semer. Les Thebains, dit-il, sont encore plus extravagans lorsqu’ils se font venir des dents d’un serpent : cependant ceux qui parmi eux ne croïent pas ces choses et autres telles impertinences, passent pour impies, comme s’ils s’attaquoient aux Dieux et qu’ils doutassent de leur pouvoir ; tant le mensonge a trouvé de croïance parmi les Hommes. Pour moi, dit le même Lucien, je le pardonne aux villes qui le font pour rendre leur origine plus auguste ; mais de voir, dit-il, des Philosophes qui travaillent à la recherche de la vérité, se plaire