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Cette croïance néanmoins est toujours aveugle ; parceque les Religions ne donnent et ne sauroient même donner aucune preuve claire, sure et convaincante de la vérité de leurs prétendus saints mistères, ni de leurs prétendues révélations divines. Elles veulent que l’on croïe absolument et simplement tout ce qu’elles en disent, non seulement sans en avoir aucun doute, mais aussi sans rechercher, même sans désirer d’en connoitre les raisons : car ce seroit, selon elles, une impudente temerité et un crime de lêze Majesté Divine, de vouloir curieusement chercher des raisons et des preuves de ce qu’elles enseignent, et de ce qu’elles obligent de croire, comme venant de la part de Dieu, alléguant pour toute raison cette maxime qu’ils tirent d’un de leurs prétendus saints Livres, et qu’ils regardent comme une sentence formidable, où il est dit que ceux qui veulent trop éplucher et trop sonder les secrets de la Divine Majesté de Dieu, se trouveront oprimés par l’éclat de sa gloire[1]. Qui scrutator est Majestatis oprimetur â gloriâ. La Foi[2], disent nos pieux Christicoles, est le soutient des choses qu’ils espérent, et la raison persuasive de celles qu’ils ne voïent point. Leur foi, suivant ce qu’ils disent, n’auroit point de mérite, si elle s’apuïoit sur l’expérience des sens et sur des raisonnemens humains. Le plus pressant et le plus puissant motif, selon eux, de croire les choses les plus incompréhensibles et les plus incroïables, est de n’en avoir point d’autre que celui de leur foi, qui est, comme j’ai dit, une croïance aveugle

  1. Prov. 25, 27.
  2. Hebr. 11 : 1.