Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/162

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ainsi la preuve qui se tire de ces prétendus miracles est une foible preuve de la vérité, et elle est d’autant plus foible qu’il n’y a pas même lieu d’ajouter prudemment foi à ce que les auteurs en disent. C’est pourquoi Joseph lui même faux Historien des Juifs, après avoir parlé des plus grands miracles que l’on disoit et que l’on croïoit avoir été faits en faveur de sa Nation et de sa Religion, il en diminue aussitôt la croïance et la rend suspecte en disant qu’il laisse à chacun la liberté d’en croire ce qu’il voudra, marque bien certaine qu’il n’ajoutoit pas beaucoup de foi lui-même à ce qu’on en disoit ; et c’est aussi ce qui donne lieu aux plus judicieux de regarder les Histoires qui parlent de ces sortes de choses comme des narrations fabuleuses qui ne méritent pas qu’on y ajoute aucune foi. Voici comme l’Auteur de l’Apologie des grands hommes en parle : « ce seroit, dit il, perdre le tems à credit que de couper des branches au lieu de la racine ; il faut, dit-il, commencer par icelle la ruine de toutes les fabuleuses narrations et montrer que tout ce que l’on dit de la Magie et des Démons ne se peut prouver ni par raison, ni par expérience, et quant à ce qui est des extases, évocations et autres miracles de certains personnages[1], dont on parle, on ne doit pas prendre la peine de les réfuter parce qu’elles se détruisent assez d’elles-mêmes par les absurdités qui les accompagnent, et par le doute que fait Eunapius d’être pris pour un imposteur en nous les racontant. Des faux miracles, des fausses

  1. Apolog. des Gr. Hom. T. 1. p. 244.