Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/229

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par d’autres accidens facheux qui arrivent si souvent dans le monde.

Quoi ! une souveraine Bonté, une souveraine Sagesse, un Etre infiniment parfait auroit voulu miraculeusement conserver pendant 40 ans les habits et les chaussons d’un vil et misérable peuple en les empêchant de s’user à leurs piés et à leur dos ; et il n’auroit pas voulu et ne voudroit pas encore maintenant veiller à la conservation naturelle de tant de biens et de tant de richesses qui auroient été ou qui seroient si utiles et si nécessaires pour la subsistance des peuples et qui se sont néanmoins perdus et qui se perdent encore tous les jours par diverses sortes d’accidens facheux ; et il ne préserveroit pas même les plus riches ni les plus précieux ornemens de ses temples ni ses temples mêmes si le feu s’y mettoit. Ces prétendus miracles ne sont nullement croïables. Quoi ! une souveraine Bonté, une souveraine Sagesse, un Etre infiniment parfait auroit envoïé exprès ses Anges pour conserver ou préserver de danger quelques femmes, quelques enfans ou quelques autres personnes particuliéres ! il auroit voulu envoïer à Tobie et à quelques autres particuliers des Anges pour les conduire dans leurs voïages, pour les préserver des dangers et pour leur donner de bons conseils dans le besoin, et il auroit envoïe aux prémiers chèfs du Genre humain, à Adam et Eve, un Démon ou un Diable sous la figure d’un serpent pour les séduire, et pour perdre par ce moïen tout le genre humain ! cela n’est pas croïable. Quoi ! il auroit voulu par une grace spéciale de sa Providence empêcher que le Roi de Geraris ne