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l’offensât et ne tombât dans une faute légère avec une femme étrangere, faute qui n’auroit cependant eu aucune mauvaise suite et il n’auroit pas voulu emploïer cette même Providence pour empêcher qu’Adam et Eve ne l’offençassent et ne tombassent dans le péché de désobéissance, péché néanmoins qui selon nos Christicoles devoit être si fatal, et attirer, suivant ce qu’ils disent, et causer la perte de tout le genre humain ! Cela n’est pas croïable. Il est dit dans un de ces prétendus saints et divins livres que Dieu conduit le juste dans des voïes droites et par des voïes droites et qu’il lui montre le Roïaume de Dieu, qu’il lui donne la science des saints[1] justum deduxit Deus per vias rectas et ostendit illi Regnum Dei et dedit illi scientiam santorum, honestavit illum in laboribus et complevit labores illius. Quel juste donc auroit-il dû conduire par des voïes droites, si ce n’étoit ces prémiers hommes qu’il auroit, comme disent nos Christicoles, créés dans la justice. Ç’auroit été certainement ces prémiers justes qu’il auroit dû principalement conduire par des voïes droites et auxquels il auroit dû montrer le Roïaume du ciel et leur donner la sagesse des saints, puisque tout le bonheur ou le malheur du Genre humain dépendoit de leur bonne ou mauvaise conduite. Cependant c’est ce que Dieu n’a pas fait, puisque ces prémiers hommes sont sitôt tombés dans le péché.

Quoi encore ! Une souveraine Bonté, une souveraine Sagesse, un Dieu infiniment juste et parfait auroit voulu si sévèrement punir dans les Bethsamites et

  1. Sap. 10 : 10.