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XIII
secrétaire sur la propagande et le dévouement aux idées, la séance est levée.
"Les membres se sont réunis ensuite dans un banquet fraternel, où le noble était assis à côté de l’homme du peuple, le riche auprès du prolétaire, et chacun se félicitait d’un premier pas fait vers l’union et le progrès."

La deuxième année de l’existence de l’association fut beaucoup moins heureuse que la première. Le nombre des membres diminua presqu’aussi rapidement qu’il s’était accru l’année précédente[1]. De tous côtés, les malheurs fondirent sur notre tête. Tantôt, c’était un déménagement forcé dans une salle de beaucoup inférieure, par suite du refus de renouveler le bail à des incrédules comme nous. Une autre fois, c’était la désertion de plusieurs membres, las d’entendre les articles de notre vieux apôtre d’une nouvelle orthodoxie. Il nous était absolument impossible de publier des rapports, faute d’argent. La caisse était à sec et chargée de dettes au marchand de papier, à l’imprimeur etc., grâce à notre imprudence à nous charger de l’impression des quelques essais que nous avait promis Mr. B., mais qui formèrent bientôt un ouvrage volumineux qui décimait les rangs de nos membres au lieu de nous en procurer de nouveaux. Mais plus que de tout cela, nous avions à souffrir de l’animosité d’un homme qui depuis la fondation de l’Association avait été des nôtres. Je voudrais pouvoir me dispenser de parler ici d’un fait aussi déplorable, mais la clarté de mon récit exige impérieusement que je constate les faits tels qu’ils sont arrivés.

Un acte arbitraire, réprouvé par l’ensemble des membres me paraît avoir éveillé ce désir de vengeance qui tua pour des années tout sentiment sympathique pour nous dans la poitrine de l’homme en question.

  1. Mes trois cofondateurs même se retirèrent, l’un parceque sa position sociale et son avenir surtout demandaient cette démarche, l’autre parcequ’il prétendait que je dirigeais trop rationellement l’association, — d’après les principes que nous avions posés lors de la fondation de notre association, — le troisième parceque……