Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/240

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nous représentent jamais les choses pures, mais les inclinent et les marquent selon le visage, qu’ils leur veulent faire prendre, et pour donner crédit à leur jugement et y attirer les autres, prêtent volontiers de ce côté-là à la matière, l’alongent et l’amplifient, la biaisent et la déguisent, suivant qu’ils le jugent à propos. L’expérience, continue-il, nous apprend que presque toutes les histoires depuis 7 ou 800 ans (c’est de même à plus forte raison de celles qui sont plus anciennes) sont si grosses et si boursouflées de mensonges, qu’il semble que leurs tuteurs se soient entrebattus à qui emporteroit le prix d’en forger davantage. Il est constant, dit-il, que tous nos vieux Romans ont pris leur origine des chimères de l’évêque Turpin, la salvation de Trajan, d’un Jean Levite, et l’opinion que Virgile étoit un Magicien, du moine Helivandus. La trop grande facilité ou légereté de croire toutes choses et toutes sortes de mensonges, dit ce même auteur, ont donné lieu à la composition de quantité d’Histoires fabuleuses, qui se succèdent les unes aux autres : car la sotise avec la folie des hommes a passé jusqu’à un tel excès, comme disoit S. Agoar, Évêque de Lyon en 833, qu’il n’y a maintenant si absurde chose et si ridicule qu’elle puisse être, que les Chrétiens ne croïent avec plus de facilité, que n’auroient jamais fait les païens dans les erreurs de l’Idolatrie. Toutes lesquelles histoires, dit notre auteur, furent suivies des Romans, qui commencèrent immédiatement sous le règne de Louis le Débonnaire et se multiplièrent de telle façon parmi l’ignorance du siècle, qui se laissoit très-volontiers