Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/241

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charmer à toutes ces faussetés prodigieuses, que tous ceux qui se méloient d’écrire l’histoire de ce tems-là, voulurent aussi pour la rendre plus agréable, y entre mêler beaucoup de semblables narrations ; comme l’a remarqué fort à propos un Docteur en Théologie, qui confesse ingénuëment, que c’étoit la vûë ordinaire des auteurs de ce tems-là de croire qu’ils n’auroient pas assez savamment écrit, ni avec assez d’éloquence et de politique, s’ils n’eussent mêlé parmi leurs discours quantité de fictions des Poëtes. C’est une chose étrange, dit le même Auteur, que Delrio, le Loye, Bodin, de Lavere, Goderman qui ont été et sont encore personnes de crédit et de mérite, aïent écrit avec si peu de circonspection et si passionnement sur le sujèt des Démons, Sorciers et Magiciens, que de n’avoir jamais rebuté aucune histoire quoique fabuleuse et ridicule de tout ce grand nombre de fausses et d’absurdes, qu’ils ont mises pêle-mêle sans distinction parmi les vraïes et légitimes, vû, comme le remarque S. Augustin, que le mêlange des mensonges fait tourner la vérité en fables, et que, suivant le dire de S. Jérome, les menteurs font en sorte qu’on ne les croit point, lors même qu’ils disent la vérité. Témoin ce pasteur d’Esope, qui avoit si souvent crié au loup, lorsqu’il n’en étoit point besoin, qu’il ne fut pas cru ni secouru de personne lorsque cet animal ravageoit son troupeau : ainsi, continue notre auteur, on peut dire que toutes les histoires ridicules, tous les contes forgés à plaisir et les faussetés si manifestes que ces auteurs laissent glisser si facilement dans leurs livres, tournent in-