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des bêtes les plus cruelles et les plus féroces, les Païens disent aussi, qu’Orphée attiroit à lui, par la douceur de son chant et de l’harmonie de ses instrumens, les lions, les ours et les tigres, adoucissant la férocité de leur nature par la douceur de leur harmonie ; ils disent aussi qu’il attiroit à lui les rochers, les arbres et que mêmes les rivières arrètoient leur cours pour l’entendre chanter. Enfin, pour abréger et passer sous silence quantité d’autres semblables exemples, que l’on pouroit raporter, si nos Christicoles disent que les murailles de la ville de Jéricho tombèrent miraculeusement par terre par le son des trompêtes ; les Païens disent aussi que les murailles de la ville de Thèbes furent bâties par le son des instrumens de musique d’Amphion, les pierres, disent les Poêtes, s’étant agencées d’elles-mêmes, à la construction des dites murailles, par la douceur de son harmonie, ce qui seroit encore bien plus miraculeux et bien plus admirable, que de voir seulement tomber des murailles par terre.

Voilà certainement une grande conformité de miracles de part et d’autre, c’est à dire, de la part de nos Christicoles et du côté des Païens.

Il n’y a certainement pas plus d’aparence de vérité d’un côté que de l’autre, et comme ce seroit une grande sotise d’ajouter foi maintenant à ces prétendus miracles du Paganisme, c’est pareillement une grande sotise d’ajouter foi à ceux du Christianisme, puisqu’elles ne viennent, les uns et les autres, que d’un même principe d’erreurs, d’illusions et de mensonges. C’étoit pour cela aussi que les Manichéens et les