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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/257

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dit leur Apôtre S. Paul, si un Dieu n’avoit pas épargné son propre fils, et qu’il eut voulu le donner aux hommes, pour les sauver tous, se pouroit-il faire que leur aïant donné son propre fils, il ne leur auroit pas donné aussi toutes autres choses qui leur auroient été nécessaires pour leur salut, et si ce prétendu divin fils avoit bien voulu donner sa vie pour le salut des hommes, comment auroit-il pû, ensuite, leur refuser aucune grace, ni aucun autre bien ! Cela n’est pas croïable. Quoi encore ! Un Dieu tout-puissant auroit voulu miraculeusement faire sonner d’elles mêmes toutes les cloches, tantôt d’une ville, tantôt d’une autre, pour honorer la mort ou la sépulture de quelques corps morts ; il auroit voulu user de sa Toute-puissance pour rassassier miraculeusement, avec quelque peu de pain et de poissons, quelques milliers de personnes qui étoient à sa suite ; il auroit voulu user de sa Toute-puissance pour attirer miraculeusement les bêtes sauvages, les oiseaux et même les poissons de la mer ou des rivières, pour venir entendre les prédications de quelques un de ses Saints ; et enfin, pour abréger, il auroit voulu user de sa Toute-puissance en mille et mille autres vains et légers sujets ou occasions pour changer l’ordre et le cours ordinaire de la Nature, et il n’auroit rien voulu faire et ne voudroit encore maintenant rien faire de particulier pour procurer et opérer efficacement la conversion et la santification de tant de milliers et même de tant de millions de pécheurs, qui le loueroient et qui le béniroient éternellement dans le Ciel, s’il avoit voulu ou s’il vouloit seulement les regarder d’un œil favorable, c’est à dire, s’il avoit voulu