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Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/26

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XV

rent seuls du sort qui nous menaçait. Divers moyens furent proposés pour porter remède à notre déplorable situation, mais dans l’état d’épuisement où nous nous trouvions, tous ces moyens furent jugés impratiquables ou impuissants ; nous préférâmes alors nous borner provisoirement à resserrer davantage le lien qui unissait le petit nombre de ceux qui étaient restés fidèles à la cause du véritable progrès et à travailler tranquillement au rétablissement de nos finances, en attendant un temps plus propice pour reprendre publiquement notre œuvre de propagande morale et intellectuelle et pour revendiquer la place qui nous était due en réfutant les calomnies les plus malveillantes par le simple exposé de notre histoire.

Mais, tout en conseillant à mes amis cette route à suivre, je résolus de hasarder personnellement une entreprise qui, si elle n’entraînait pas de sacrifices, pourrait sauver l’Association, mais que momentanément elle-même ne put se permettre, embarrassée qu’elle était par les engagements contractés auparavant. Je compris que, pour la relever plus promptement de son état de langueur, il lui fallait un organe à elle, et je fondai à cet effet la Revue "Het Verbond der Vrije Gedachte" (La Ligue de la Libre-Pensée), entièrement vouée aux intérêts de notre association.[1] Cette revue, ainsi que deux autres que je publiai en

  1. La première livraison parut le 15 Janvier 1858, quatre jours après l’expédition de la lettre suivante, que pour être conséquent, je crus devoir adresser au consistoire de l’Église Wallonne d’Amsterdam, avant de me poser publiquement comme redacteur de Revues rationalistes :

    Messieurs.

    J’ai l’honneur de vous prier formellement de ne plus me considérer comme membre de votre église.

    Depuis que le libre examen m’a donné la conviction personnelle que les dogmes, les fictions, le surnaturalisme tout entier enfin, ne font que nuire à la morale qu’ils obscurcissent et que diviser les hommes qui sont appelés à la solidarité, j’ai cessé d’être chrétien et partant d’être membre de toute secte chrétienne.