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abandonnerai point, que je n’aie accompli tout ce que je vous ai promis. Jacob s’étant éveillé dans ce songe, il fut saisi de crainte et dit : Quoi ! Dieu est vraiment ici, et je n’en savois rien, ah, dit-il, que ce lieu est terrible, puisque ce n’est autre chose que la main de Dieu et la porte du Ciel[1]. Puis s’étant levé, il dressa une pierre, sur laquelle il répandit de l’huile, en mémoire de ce qui lui étoit arrivé là, et fit en même tems un voeu à Dieu que, s’il revenoit sain et sauf, il lui offriroit la dixième de tout ce qu’il auroit. Voici encore une belle vision qu’il eut quelques années après, comme il s’étoit mis à garder les troupeaux de son beau-père Laban et qu’il étoit convenu avec lui, qu’il auroit pour récompense de son service, tout ce que les brebis produiroient d’agneaux de diverses couleurs. Etant grandement desireux de son profit, comme il est assez naturel, il souhaitoit passionnément que ses brebis fissent beaucoup d’agneaux de diverses couleurs, aïant donc passionnément ce desir à coeur, il songe agréablement une nuit qu’il voïoit[2] les mâles sauter sur les femelles et qu’elles lui produisoient toutes des agneaux de diverses couleurs. Ravi qu’il étoit dans un si beau songe, Dieu lui aparut et lui dit : regardez et voyez comme les mâles montent sur les femelles et comme ils sont de diverses couleurs, car j’ai vû, lui dit-il, la tromperie et l’injustice que vous fait Laban votre beau-père ; levez-vous donc maintenant, lui dit Dieu, sortez de ce païs-ci et retournez en votre païs. Comme il s’en retournoit en

  1. Gen. 28 : 11, 18.
  2. Ibid. 31 : 12.