Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/279

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tement, que les cruels et sanglans sacrifices, que les hommes font des bêtes innocentes, étoient d’institution divine, au moins dans la loi des Juifs et qu’ils avoient été autrefois au moins très-agréable à Dieu.

Or comment s’imaginer et se persuader qu’un Dieu, qui seroit infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage, auroit voulu jamais établir de si cruels et de si barbares sacrifices ? Car c’est cruauté et barbarie de tuer, d’assommer et d’égorger, comme on fait, des animaux, qui ne font point de mal. Car ils sont sensibles au mal et à la douleur aussi bien que nous, malgré ce qu’en disent vainement, faussement et ridiculement nos nouveaux Cartesiens qui les regardent comme de pures machines sans ames, et qui pour cette raison et par un vain raisonnement, qu’ils font sur la nature de la pensée, dont ils prétendent que la matière n’est pas capable, les disent entiérement privés de tout sentiment de plaisir et de douleur. Ridicule opinion ! mauvaise maxime et détestable doctrine ! Puisqu’elle tend manifestement à étouffer dans le cœur des hommes tout sentiment de bonté, de douceur et d’humanité, qu’ils pouroient avoir pour ces pauvres animaux et qu’elle leur donne lieu et occasion de se faire un jeu et un plaisir de les tourmenter et de les tiranniser sans pitié, sous prétexte qu’ils n’auroient aucun sentiment du mal qu’ils leur feroient, non plus que des machines qu’ils jetteroient au feu et qu’ils briseroient en mille pièces, ce qui seroit manifestement une cruauté détestable envers ces pauvres animaux, lesquels étant vivans et mortels comme nous, et étant faits comme nous de chair, de sang et d’os,