Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/281

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en les tirannisant, en les tuant, en les assommant et en les égorgeant impitoïablement, comme ils font tous les jours, pour avoir le plaisir de manger leur chair. Pour moi, quoique je ressente assez dans moi-même les mauvaises influences et les mauvais effets de ce maudit grain de mauvaise semence, je puis néanmoins dire que je n’ai jamais rien fait avec plus de répugnance, que lorsqu’il me fallait, dans certaines occasions, couper ou faire couper la gorge à quelques poulets ou pigeonnaux, ou qu’il me fallait faire tuer quelques porcs ; je proteste que je n’ai jamais fait cela qu’avec beaucoup de répugnance et avec une certaine aversion et si j’eusse été tant soit peu superstitieux et enclin à la bigoterie de Religion, je me serois infailliblement mis du parti de ceux qui font religion de ne jamais tuer des bêtes et de ne jamais manger de leur chair. Je haï de voir seulement les boucheries et je n’ai jamais su penser qu’avec horreur à cet abominable carnage et sacrifice des bêtes innocentes que le Roi Salomon fit faire pour la Dédidace de son Temple, où il fit égorger jusqu’à 22 mille bœufs et 120 mille moutons ou brébis, quel carnage ! que de sang répandu ! Comment s’imaginer et se persuader qu’un Dieu infiniment grand et infiniment sage n’auroit voulu prendre pour ses sacrificateurs que des Egorgeurs et des Ecorcheurs de bêtes, et qu’il n’auroit voulu faire qu’une vilaine boucherie de son Tabernacle et de son Temple ? Comment s’imaginer et se persuader qu’il auroit pris plaisir à voir et à faire cruellement égorger tant d’innocentes bêtes ? Comment s’imaginer et se persuader qu’il auroit plai-