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moins ce que la Religion fait croire à nos Christicoles, de sorte qu’elle ne leur fait pas faire comme autrefois des sacrifices cruels et sanglans, elle leur fait néanmoins aprouver les accidens et révérer celui qui se seroit cruellement fait en la personne d’un Dieu, et leur fait croire les choses les plus absurdes et les plus ridicules que l’on puisse imaginer, comme je le ferai plus amplement voir dans la suite.


XXV.

Revenons au prétendu commandement, que l’on veut que Dieu avoit fait à Abraham, de lui sacrifier son fils unique : cela, je l’avoue, ne doit pas paroitre fort étrange à nos Christicoles, puisqu’ils croïent bien que ce même Dieu auroit fait commandement à son propre divin Fils, de s’immoler lui-même pour le salut des hommes et qu’ils croïent que ce commandement a été véritablement accompli. Mais dans le fond ce prétendu commandement n’étoit-il pas horrible ; comment est ce qu’un Père et même toute autre personne de bon sens peut s’imaginer qu’une telle inspiration ou qu’un tel commandement puisse venir d’un Dieu, c’est à dire d’un Etre infiniment parfait, infiniment bon et infiniment sage. Cela ne seroit pas concevable, si l’on ne voïoit d’ailleurs que la superstition est capable d’inspirer aux hommes les sentimens les plus cruels et les plus inhumains et qu’il