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Si un homme, par exemple, se mettoit aujourd’hui dans l’esprit que Dieu lui auroit fait un commandement exprès, semblable à celui qu’on prétend qu’il fit à cet Abraham, dont je viens de parler, c’est à dire de lui sacrifier un fils, qu’il auroit et qu’il consultât là-dessus nos plus religieux Christicoles, je m’assure qu’il n’y en auroit pas un qui ne regardât avec horreur une telle imagination et qui ne la regardât comme une illusion, comme une tentation du Démon et une pensée damnable, qu’il diroit à cet homme de rejetter bien loin et dont il l’avertiroit bien soigneusement de se donner de garde. Et si, nonobstant cet avertissement, cet homme étoit assez mal avisé que de faire effectivement, ce qu’il croiroit que ce prétendu commandement de Dieu lui auroit ordonné, je laisse à penser ce que l’on diroit de cet homme-là et ce que la justice en feroit : que l’on juge par-là si l’on doit regarder comme des révélations divines, celles qui ordonnent de faire des sacrifices de cette nature. Que si maintenant nos Christicoles mêmes obligeoient absolument de regarder une telle vision, une telle imagination ou une telle révélation comme une illusion et comme une tentation du Diable, et qu’ils regarderoient eux-mêmes comme une chose abominable et comme un crime digne de punition exemplaire dans un Père, qui seroit assez fou que d’égorger son enfant, sous prétexte de l’offrir à Dieu en sacrifice et sous prétexte que Dieu lui en auroit fait un commandement exprès, comment peuvent ils regarder dans cet Abraham, comme une véritable révélation divine, le commandement, qu’il prétendoit lui avoir été fait de