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peuse, qu’ils exaltent par dessus tout la prétendue sainteté de leurs mistères et de leurs sacremens. C’est par de semblables interprétations vaines et ridicules, qu’ils tournent comme ils veulent leurs prétenduës Ecritures saintes, qu’ils leur donnent tel sens qu’ils veulent ; qu’ils font trouver des mistères là où il n’y en a point, qu’ils font trouver blanc ce qui est noir et noir ce qui est blanc ; et c’est ce qu’ils font principalement par la subtile invention de leur sens mistique et figuré, et dont ils font comme une selle à tous chevaux, ou comme une chaussure à tous piés, comme étoit le soulier de Theramnes : car par cette subtile invention de leur sens spirituel et mystique, ils donnent, comme je viens de dire, tel sens qu’ils veulent à leurs prétenduës Ecritures saintes, et leur font dire allégoriquement et figurativement tout ce qu’ils veulent, semblables en cela aux enfans qui font dire aux cloches tout ce qu’ils veulent, quand ils les entendent sonner.

Mais comme ce seroit sotise à des hommes faits de vouloir serieusement s’arrêter à ce que des enfans font dire aux cloches quand elles sonnent, où à ce qu’ils disent, quand ils badinent et qu’ils jouent ensemble, de même ce seroit sotise à des hommes sages et éclairés, de s’arrêter sérieusement aux vaines explications et aux vaines interprétations, que nos Christicoles font mistiquement, allégoriquement et figurativement de leurs prétendues Ecritures saintes, puisque ces sortes d’explications et d’interprétations ne sont, dans le fond, que des fictions de leur esprit et des imaginations creuses.