Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/370

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coup plus de méchans que de bons, et beaucoup plus, selon eux, qui meurent dans le péché mortel, que de ceux qui meurent dans la bonne grâce de leur Dieu, il s’en suit de leur doctrine, qu’il y en auroit incomparablement plus, qui ne seroient pas délivrés de la peine de leurs péchés, que de ceux qui en seroient véritablement délivrés. Et c’est sans doute ce que le prétendu Christ vouloit lui-même faire entendre à ses disciples, lorsqu’il leur disoit, qu’il y en auroit beaucoup d’apellés, mais qu’il y en auroit peu d’élus, ce qui auroit assez de rapport à ce qui auroit été prédit de ce Christ, par le bon homme Siméon le juste, lorsqu’il dit de lui, étant encore dans sa première enfance, qu’il seroit quelques jours en but à la contradiction des hommes, et qu’il seroit la cause de la ruine, aussi bien que du salut de plusieurs en Israël. Ecce positus est hic in ruinant… et suivant cela il y auroit autant de raison de dire qu’il seroit venu pour perdre les hommes, que de dire qu’il seroit venu pour les sauver. C’est ce que nos Christicoles ne voudroient cependant pas dire : mais si, selon eux-mêmes, il y en a si peu de délivrés de la peine de la damnation éternelle, il n’est donc pas vrai de dire qu’il délivreroit son peuple de ses péchés, c’est à dire de la peine éternelle, qu’ils auroient méritée par leurs péchés, à moins que nos Christicoles ne veuillent entendre par son peuple, seulement un peu d’élus, qui seroient par lui délivrés de la damnation éternelle, ce qui ne peut s’entendre ainsi ; car ce peu de personnes-là, en comparaison de tout un peuple, ne sont pas et ne doivent pas être apellés le peuple ; c’est la