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plus grande partie, qui donne la dénomination à une chose. Une douzaine ou deux, par exemple d’Espagnols ou de François, ne sont pas le peuple François, ni le peuple Espagnol. Et si une armée, par exemple de 100 ou six vingt mille hommes, étoit faite prisonnière de guerre par une plus forte armée d’ennemis ; et si le Roi, ou le chef de cette armée prisonnière, rachetoit seulement quelques hommes de son armée, comme par exemple dix ou douze soldats ou officiers, en païant leur rançon, on ne diroit pas pour cela, qu’il auroit délivré ou racheté son armée, et il serait faux et même ridicule de dire, qu’il l’auroit rachetée ou délivrée, s’il n’en délivroit qu’un si petit nombre d’hommes. Pareillement donc, il seroit faux et ridicule aussi de dire, que le Christ auroit délivré son peuple de la peine et de la damnation éternelle, qu’il auroit méritée par ses péchés, s’il n’y en avoit seulement que quelques-uns, qui en fussent délivrés par son moïen. Encore nos Christicoles, tous tant qu’ils sont, ne sauroient-ils montrer, qu’il y en ait seulement un, qui jouisse véritablement du bienfait de cette prétendue délivrance : car, comme la prétendue peine éternelle ne se voit point, et que la prétendue délivrance n’est aucunement visible, ils ne sauroient faire voir, qu’il y en ait seulement un qui soit véritablement délivré, ni un qui soit véritablement réprouvé, et condamné à souffrir éternellement les peines d’enfer.

Dire à cette occasion-ci, comme font ordinairement nos Christicoles, qu’il ne faut point chercher, ni demander des preuves, ni des témoignages sensibles des choses de la foi, mais qu’il faut les croire aveuglé-