Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/373

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

ils disent, de vivre dans la vertu, ou de faire une digne pénitence de ses péchés, et de mourir dans la grâce de Dieu, pour jouir du bienfait de la délivrance et de la Rédemption du Christ. Il ne leur sert de rien, dis-je, d’alléguer ces raisons, parceque, si cela étoit, comme ils le disent, ce seroit premièrement une injustice manifeste en Dieu, s’il punissoit encore dans aucun homme des péchés, pour lesquels il auroit déjà reçu une entière satisfaction, car, de même que ce seroit une injustice dans un créancier de faire païer à son débiteur une dette, pour laquelle son ami auroit déjà satisfait pour lui, en païant tout ce qu’il pouvoit devoir, de même ce seroit manifestement une injustice, et même une espèce de cruauté en Dieu, de punir encore sévèrement dans les hommes, par des supplices éternels, des péchés pour lesquels son Christ auroit déjà entièrement satisfait, car ce seroit vouloir exiger deux satisfactions pour les mêmes offenses, ce qui ne conviendroit nullement à la justice, ni à la volonté ni à la bonté d’un Dieu infiniment bon et miséricordieux.

Secondement, s’il falloit, comme disent nos Christicoles, que les hommes vécussent toujours bien dans la vertu ou qu’ils fassent dignement pénitence de leurs péchés, avant que de mourir, pour profiter de ce prétendu bienfait de la délivrance, ou rédemption du Christ, il s’en suivroit que cette prétendue délivrance, ou rédemption du Christ, ne déchargeroit de rien les hommes envers Dieu, et ne les soulageroit en rien et par conséquent, qu’elle auroit été entièrement vaine et ridicule. C’est de quoi nos Christicoles ne voudroient certainement pas convenir ; cependant cela s’en sui-