Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/372

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ment, sans les voir, sous prétexte qu’elles ne laisseroient pas, que d’être très-véritables et très certaines en elles-mêmes, quoique l’on n’en puisse donner, ni apercevoir aucune preuve, ni aucun témoignage visible et sensible, c’est une foible raison et qui est entièrement vaine, puisque ce seroit vouloir poser pour fondement de certitude un principe d’erreurs, d’illusions et d’impostures. Car il est visible qu’il n’y auroit aucune erreur, aucune illusion, ni aucune imposture, que l’on ne pouroit prétendre de voir, croire ou faire croire, sous ce prétendu prétexte de foi divine, s’il falloit y avoir aucun égard. Or il est évident, comme j’ai dit ci-devant, qu’un principe d’erreurs, d’illusions ou d’impostures, comme celui-là, ne peut servir de fondement pour établir, ni pour éclaircir aucune vérité, et par conséquent ne peut servir pour montrer ni pour prouver, qu’il y ait seulement un seul homme, qui jouisse véritablement d’un bienfait de cette prétendue délivrance, qui n’est bien certainement qu’une délivrance et une rédemption imaginaires.

Pareillement, il ne sert de rien à nos Christicoles de dire, comme ils font encore, que leur Christ a véritablement satisfait à Dieu pour tous les péchés des hommes, et que, s’ils ne sont pas effectivement delivrés tous de la peine et de la damnation éternelle, ce n’est pas la faute de leur Rédempteur, mais la faute des pécheurs-mêmes qui s’abandonnent volontairement aux vices, et qui meurent dans leurs péchés, sans vouloir se convertir à Dieu et sans vouloir faire des fruits dignes de pénitence, étant nécessaires, comme