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L’indéfini — Dieu — et le défini — la Nature — forment ensemble l’unité, l’omni-être.


L’espace que je me suis reservé dans cet ouvrage ne me permet pas de faire plus de citations de ma susdite critique. Ces quelques passages auront cependant suffi, je pense, à faire connaître la méthode que j’ai suivie pour arriver à débrouiller les idées de Mr. Réville et de la majeure partie des penseurs actuels.

Le lecteur comprendra facilement que le livre de Mr. Renan, qui parut un peu plus tard que le Manuel et qui est un produit de cette école philosophique qui marche en France de pair avec la théologie moderne, a été très, très-loin de trouver grâce à mes yeux. Grâce ! — Bien au contraire, je souscris des deux mains aux paroles suivantes que je trouve page XI (introduction) de l’Histoire élémentaire et critique de Jésus par Mr. A. Peyrat.

"La tempête, qu’a soulevée le livre de M. Renan fait peu d’honneur à notre temps. Quand on pense qu’après le XVIIIe siècle, après Voltaire et Fréret, après Diderot et Montesquieu…, un livre, où la divinité de Jésus est niée avec tant de ménagements et de si habiles circonlocutions, a été considéré non seulement comme un scandale, mais comme nouveauté, on reste confondu d’étonnement."

Et malgré tout cela, jamais peut-être un livre n’a eu autant de succès en si peu de temps, que n’a eu l’Histoire de Jésus par Mr. E. Renan, et jamais à mon avis, un livre ne l’a moins mérité. Monsieur Renan, il n’y a pas à en douter a voulu faire un chef-d’œuvre de critique et de bon-sens ; le public a accueilli son œuvre comme un fanal lumineux, qui menait en ligne directe à la perdition ou à la science, selon la mesure de la foi du juge, tandis que moi je trouve que la vie de Jésus de Mr. Renan, ayant complètement manqué au but que l’auteur s’était probablement tracé, est devenu, malgré lui une charmante conception, propre à faire époque dans la littérature romantique.