Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 1, 1864.pdf/409

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ses ou de prétendues prophéties véritables, on pouroit facilement, par ce moïen, rendre véritables toutes celles qui seroient les plus fausses et les plus absurdes, ce qu’il seroit encore très ridicule de vouloir faire.

D’ailleurs, vouloir donner à des promesses ou des prophéties, prétendues divines, d’autre sens que celui qu’elles contiendroient manifestement en elles-même, c’est une témérité et une présomption, qui n’est pas suportable dans les hommes, parce que c’est absolument changer, altérer et corrompre, et même anéantir en quelque façon, les susdites promesses et prophéties, c’est, dis-je, les anéantir au moins en tant qu’elles seroient de Dieu, on ne prétend pas néanmoins que le sens spirituel, allégorique et mystique, que nos Christicoles leur donnent, soit véritablement de Dieu, ni des Prophètes mêmes. Car on ne prétend pas que ce soit Dieu lui-même, ni les Prophètes, qui aïent dit qu’il falloit les entendre et les interpréter spirituellement, allégoriquement et mystiquement, comme font nos Christicoles. Ainsi ce sont nos Christicoles eux-mêmes, qui forgent, comme ils veulent, ou qui ont forgé, comme ils ont voulu, tous ces beaux prétendus sens spirituels, allégoriques et mystiques, dont ils entretiennent et repaissent vainement l’ignorance des pauvres peuples ; et ainsi quand ils nous proposent d’une part les prétendues promesses et prophéties, comme venant de Dieu même, et qu’ils nous les expliquent ensuite, non dans leur sens propre et naturel, mais dans un sens forgé et dans un sens suposé, qu’ils apellent allégorique, spirituel et mystique, ou dans un sens analogique ou tropologique,