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I.
Avant-propos, dessein de l’ouvrage

Mes très-chers amis, comme il ne m’auroit pas été permis, et qu’il auroit été d’une trop dangereuse et trop facheuse conséquence de dire ouvertement, pendant ma vie, ce que je pensois de la conduite et du gouvernement des hommes, de leurs religions et de leurs mœurs ; j’ai résolu de vous le dire après ma mort. Ce seroit bien mon inclination de vous le dire de vive voix, avant que je meurs, si je me voïois proche de la fin de mes jours, et que j’eusse encore pour lors l’usage libre de la parole et du jugement. Mais comme je ne suis pas sûr d’avoir, dans ces derniers jours, ou dans ces derniers momens-là, tout le tems, ni toute la présence d’esprit, qui me seroient nécessaires, pour vous déclarer alors mes sentimens ; c’est ce qui m’a fait maintenant entreprendre de vous les déclarer ici par écrit, et de vous donner en même tems des preuves claires et convaincantes de tout ce que j’ai dessein de vous en dire, afin de tâcher de vous désabuser au moins tard, et autant qu’il seroit en moi, des vaines erreurs, dans lesquelles nous avons eu tous, tant que nous sommes, le malheur de naître et de vivre ; et dans lesquelles même j’ai eu le déplaisir de me trouver obligé de vous entretenir. Je dis le déplaisir, parce que c’étoit véritable-