Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/321

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croïance de cette pluralité des Dieux, qu’ils ont été obligés de rejetter, après en avoir connu l’erreur et la vanité. Voïons s’ils sont mieux fondés dans la croïance d’un Dieu tout invisible et immatériel, qu’ils n’étoient dans la croïance d’un ou de plusieurs Dieux corporels et visibles ; car il me paroit d’abord, qu’ils ne sauroient être guères mieux fondés dans l’une que dans l’autre. Examinons donc cela.

Ce qui oblige nos superstitieux Déicoles à reconnoître au moins l’Existence d’un seul Dieu tout-puissant, infiniment bon, infiniment sage et infiniment parfait est la vûë de tant de si grandes, de tant de si belles et de tant de si admirables choses, qu’ils voient dans la nature. Ils s’imaginent que tant de si grandes, de si belles et de si admirables choses ne peuvent avoir été faites, ni avoir été mises et placées dans l’ordre et dans la situation, où elles sont, que par la Toute-Puissance d’un Etre infiniment puissant, infiniment bon, infiniment sage et infiniment parfait, auquel ils donnent le nom de Dieu. Je ne puis ouvrir les yeux, dit un de nos plus fameux Archi-Déicoles,[1] (c’est Mr. de Fénelon, ci-devant Archevêque de Cambrai) je ne puis, dit-il, ouvrir les yeux, sans admirer l’art qui éclate dans toute la nature. Le moindre coup-d’oeil, dit-il, suffit pour apercevoir la main, qui fait tout etc…. Voilà comme il commence son livre, où il prétend démontrer l’existence d’un Dieu. Cependant, comme cette main, qu’il croïoit voir au premier coup-d’oeil, n’est qu’une main imaginaire, et

  1. Existence de Dieu, § 1.