Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/129

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et qu’ils amplifient, tant qu’il leur plaira, la beauté, l’excellence, l’ordre et l’artifice, qui se trouvent dans toutes les choses visibles de ce monde, j’y consens, mais il faut aussi qu’ils reconnoissent et qu’ils avouent d’un autre côté, qu’elles sont bien fragiles et bien défectueuses, et que toutes celles, qui ont vie, sont sujètes à bien des misères et à bien des souffrances. Or Je dis, que tout ce qu’il y a de plus beau et de plus admirable dans la nature, ne démontre pas tant l’existence d’un Dieu tout-puissant et infiniment bon, comme le moindre mal démontre qu’il n’yen a point ; et la raison évidente de cela est, comme j’ai déjà dit, parceque tout ce qu’il y a de plus beau et de plus admirable dans la nature, se peut faire par les loix et par les forces de la nature même, et que d’ailleurs il n’est pas croïable, qu’il y aurôit aucun vice, ni aucun défaut dans aucune créature, ni qu’elle souffriroit aucun mal, si elle sortoit, comme disent nos Déicoles, de la main toute-puissante d’un Dieu infiniment bon et infiniment sage. Ainsi la mort, les maladies, les infirmités, les langueurs, et à plus forte raison encore les vices et les méchancetés, et généralement tout ce qu’il y a de capable de rendre aucune créature vicieuse, défectueuse ou malheureuse, démontrent, qu’il n’y a point de Divinité capable d’empêcher tous ces maux, et quand il n’y auroit même que le mal, que l’on souffre des mouches, des araignées ou des vers de terre, que l’on écrase, cela suffiroit pour démontrer, qu’elles ne sont point les ouvrages d’un Dieu tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage ; car si elles étoient ses ouvrages, il veilleroit indubitable-

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