Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/20

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immuable et le mouvement d’aucun autre être qui se meut, et il ne peut y en avoir. Or, suivant la doctrine de nos Déicoles, leur prétendu prémier moteur, qu’ils apellent Dieu, est immuable en lui-même et immuable de sa nature ; donc il ne peut rien mouvoir et par conséquent il ne peut remuer la matière, ni être le premier auteur de son mouvement, et ainsi il faut nécessairement reconnoitre que la matière a d’elle-même son mouvement et qu’il est entièrement inutile de recourir à l’existence d’un Dieu tout-puissant, qui ne l’est pas pour la faire remuer ; et non seulement il est inutile à nos Déicoles de vouloir attribuer le principe du mouvement de la matière à la prétendue toute-puissance d’un Dieu, puisque, quand il seroit, il ne pouroit lui-même se mouvoir, puisqu’il est immuable de sa nature ; mais pour cette même raison il est encore tout-à-fait inutile à eux de le prier et de l’adorer, et il est inutile à eux de lui offrir des sacrifices, comme ils font, afin d’obtenir de lui par ce moïen quelque grâce ou quelque faveur que ce puisse être, dont ils auroient besoin. Car puisqu’il est immuable de sa nature, comme ils le prétendent, et que toutes ses pensées, que tous ses désirs, que toutes ses volontés sont prises de toute éternité, il est sûr qu’il ne changera pas de pensée et de volonté à leur égard pour toutes les prières qu’ils sauroient lui faire, ni pour toutes les adorations qu’ils pouroient lui rendre, non plus que pour tous les sacrifices qu’ils pouroient lui offrir ; rien ne pouroit le fléchir, ni le faire pancher plutôt d’un côté que de l’autre ; et ainsi, soit que l’on prie ou que l’on ne prie pas un tel être, soit qu’on