Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/21

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’adore ou qu’on ne l’adore pas, soit qu’on lui offre des sacrifices, ou qu’on ne lui en offre pas, il ne feroit jamais, ni en bien ni en mal, que ce que de toute éternité il auroit résolu de faire ; c’est ce qui est marqué même dans leurs prétendus Prophètes, lorsque, faisant parler leur Dieu, ils lui font dire absolument que son conseil et que son dessein demeure ferme et que tout ce qu’il aura résolu de faire, se fera[1] ; Consilium meum stabit et omnis voluntas mea fiet et ainsi c’est en vain et inutilement que nos superstitieux Déicoles prient Dieu. C’est en vain qu’ils l’adorent et qu’ils lui offrent des sacrifices, pour tâcher d’obtenir de lui, par ce moïiHJ, quelque grâce, dont ils auroient besoin, qu’ils pensent qu’il ne leur accorderoit point sans cela. Si on savoit, par exemple, qu’un Roi puissant eut pris une certaine résolution et qu’il ne dût jamais changer de sentiment, ni de volonté pour quoique ce soit, ne seroit-il pas inutile dans ce cas-là de prier une telle personne, un tel Roi de faire autrement ou de faire autre chose que ce qu’il auroit résolu de faire ? Certainement il seroit inutile et ce seroit une espèce de folie de vouloir entreprendre de lui faire changer de volonté. Puis donc que nos Déicoles savent bien que leur Dieu est immuable et qu’ils savent que toutes ses volontés sont prises de toute Eternité et qu’ils savent encore qu’il ne changera jamais de volonté, pourquoi que ce puisse être, puisqu’il est de nature immuable, il est clair et évident qu’il leur est Inutile et que c’est même une espèce

  1. Isaie 46 : 10.