Page:Le Texte primitif de la Satyre ménippée, éd. Read, 1878.djvu/15

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époques se trouvent mêlées. On peut d’abord croire qu’on assiste à la séance d’ouverture, mais on s’aperçoit bientôt qu’on a marché sans sortir de la salle, et qu’il s’est écoulé plus d’un an entre le premier et le dernier discours, et cela sans transition aucune.[1]

Ce défaut d’unité, ajoute M. Bernard, a frappé tout le monde, et vainement s’est-on efforcé d’en jeter la faute sur les anciens éditeurs et sur leurs nombreuses interpolations, mais sans que personne ait pu produire l’édition princeps, qui aurait acquis à la Ménippée une réputation incontestée. Bien plus, ces additions, au lieu d’être repoussées, jouissent, au contraire, de la plus grande faveur, et la harangue de d’Aubray, par exemple, harangue qui n’a pu être écrite qu’en 1594, est exaltée comme un chef-d’œuvre. Ce n’est pas que M. Bernard en discute le mérite littéraire, mais il en censure l’argumentation et le ca-


    l’ouverture qui se devoit faire ce jour est encore remise au lendemain ». C’est peut-être per ironiam, et pour ajouter encore un ajournement à tous ces ajournements successifs, que le Catholicon indique la convocation des Estats au 10 février.

  1. Il est digne de remarque que M. Bernard a eu un auxiliaire dans son antipode, M. Capefigue, lequel reproche aussi à la Ménippée d’avoir « défiguré tous les jugements portés sur la Ligue ; de ne donner des États qu’une peinture faussement ridicule ». (La Ligue et Henri iv, chap. vii.) — Les extrêmes se touchent.