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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

ROBESPIERRE.

Une tête pareille ne tombe point sans ébranler l’État.

BILLAUD, soupçonneux et violent.

As-tu peur, Robespierre ?

VADIER, excitant sournoisement Billaud.

Demande-lui donc, Billaud, s’il se sert de Danton comme d’un matelas capitonné pour se mettre à l’abri derrière, contre les balles ?

BILLAUD, brutal.

Parle franchement : tu as peur d’être découvert par la chute de Danton. Tu te colles à lui comme à une égide qui te protège. Danton détourne de toi l’attention et les traits.

ROBESPIERRE.

Je méprise ces perfides calomnies. Que m’importent les dangers ? Je ne tiens pas à ma vie. Mais j’ai l’expérience du passé et je vois l’avenir. Vous êtes des furieux ; vos haines vous affolent. Vous pensez à vous-mêmes, vous ne pensez point à la République.

SAINT-JUST.

Examinons donc sans passion ce que la République doit attendre des conspirateurs. Et ne nous demandons point si Danton a des talents, mais si ces talents servent à la République. — D’où partent, depuis trois mois, toutes les attaques contre la Révolution ? De Danton. Qui a inspiré les lettres de Philippeaux contre le Comité ? Danton. Qui souffle à Desmoulins ses venimeux pamphlets ? Danton. Chaque numéro du Vieux Cordelier lui est soumis, discuté avec lui, corrigé de sa main. Si le fleuve est empoisonné, prenons le mal à sa source. Où est la sincérité de Danton ? Où sa bravoure ? Depuis un an, qu’a-t-il fait pour la République ?

ROBESPIERRE feint de se laisser peu à peu convaincre et entraîner par les autres, avec un mélange d’hypocrisie et de sincérité.

Il est vrai qu’il n’a jamais parlé pour la Montagne attaquée.