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À THÉOPHILE GAUTIER
Toi, dont les yeux erraient, altérés de lumière,
De la couleur divine au contour immortel,
Et de la chair vivante à la splendeur du ciel,
Dors en paix dans la nuit qui scelle ta paupière.
Voir, entendre et sentir ? Vent, fumée et poussière.
Aimer ? La coupe d’or ne contient que du fiel.
Comme un dieu plein d’ennui qui déserte l’autel,
Rentre et disperse-toi dans l’immense matière.
Sur ton muet sépulcre et tes os consumés
Qu’un autre verse ou non les pleurs accoutumés ;
Que ton siècle banal t’oublie ou te renomme ;
Moi, je t’envie, au fond du tombeau calme et noir.
D’être affranchi de vivre, et de ne plus savoir
La honte de penser et l’horreur d’être un homme.
LECONTE DE LISLE.