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Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/121

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À THÉOPHILE GAUTIER





Quand le moissonneur, dès l’aurore,
De ses bras nerveux et hâlés,
Balance, au soleil qui la dore,
Sa faux dans l’épaisseur des blés.

Parfois, de son arme tranchante,
Taillant en aveugle, au hasard,
Il atteint un oiseau qui chante,
Tout à l’ivresse de son art.

Et Toiseau meurt ! Un rêveur passe.
Et dit, surpris, des yeux cherchant :
Ce soir il manque dans l’espace
Un vol, une harmonie, un chant.

Ainsi toujours la Mort promène
Sa faux aux sanglantes lueurs
À travers la mêlée humaine,
Et de nous atteint les meilleurs ;