Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/151

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RÉSURRECTION





Ciseleur merveilleux, ô grand peintre, ô poëte !
Jusqu’au suprême adieu, fier disciple du Beau ;
Toi qui, sans te lasser, luttant comme un athlète,
De l’Art portais si haut l’étincelant flambeau ;

Ta main est donc rigide et ta lèvre muette ?…
Dans l’air a croassé le sinistre corbeau ;
Le soleil d’Orient s’éteint sur ta palette.
Et sur toi va peser le marbre du tombeau !

Ces yeux, hier encore avides de lumière,
N’auront plus de regard. À l’étroit dans sa bière,
Le voilà, loin du jour, hélas ! enseveli.

Maître, tu peux dormir ! La Muse éblouissante
Émerge du cercueil et ton œuvre puissante,
Charmant tous les esprits, saura vaincre l’Oubli.

ALEXANDRE PIEDAGNEL.