Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



À THÉOPHILE GAUTIER





Donc, poëte immortel, te voilà mort aussi,
Gautier ; tu suis Dumas, Regnault et Lamartine ;
À dépeupler nos rangs l’avide Mort s’obstine,
Et la faux du vieillard travaille sans merci.

Comme ces combattants qui voient tomber un brave
Se regardent, muets, et craignant d’avancer ;
Devant ce grand cercueil nous n’osons pas penser :
D’un suprême malheur notre malheur s’aggrave.

Le ciel est rouge encor de l’ardeur des brasiers,
Paris s’abîme et meurt comme Numance et Troie,
Et vous voulez encore une nouvelle proie,
Tombeaux que tant de morts n’ont pas rassasiés !

Pour manger le pain noir pétri de féverolle.
Pour souffrir comme tous tu revins parmi nous ;
(À ce vieillard le sort des jeunes semblait doux)
Parmi les plus vaillants tu remplis bien ton rôle.